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 "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme)

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Brume

Brume
RÊVES : 89

arrivé le : 11/12/2013
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MessageSujet: "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme)   "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme) EmptyDim 22 Déc - 17:32

"Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme) Tumblr_muj5d3MjgH1rlt7kco1_500
"Acharnée au-delà des images qu'on reflète
Chacal, charogne, chaman, sachem"


    C'est l'heure où la nuit enveloppe la terre. Son vent commence à bercer les nuages. Mais pas encore! Le soleil l'embrase du bout de l'horizon. Il brûle derrière elle, dans son dos, lui réchauffe les reins avant de la laisser à ses froides heures. Mais on ne le voit déjà plus. Sa lueur n'est déjà plus qu'un écho dans le ciel. Alors, c'est cette heure où on ne distingue rien et où rien ne se distingue. "Entre chien et loup", qu'on dit.
    Le sable s'envole dans l'air iodé, salé. L'eau casse ses jolis rouleaux sur le rivage. C'est humide, à peine. Assez pour rendre les cheveux indomptables.

    La Brume est assise dans une vieille barque usée. Le bois est noir mais, de toute façon on n'y voit plus rien dans cette eau d'encre. Bientôt la mer et l'au-dessus ne seront qu'une toile noire symétrique, parsemée d'éclats d'on ne sait quoi. La brune regarde en l'air, sa main fermement appuyée sur un petit couteau planté dans le banc de son embarcation. Elle a passé quelques heures là, à graver des spirales dans le bois mou.
    C'est vrai, les étoiles, c'est quoi à la fin? Des bulles de gaz qui brûlent? Ce serait trop facile. Le Petit Prince pense que ce sont des grelots. Gwen aime bien cette idée. Des grelots. C'est joli.
    Son visage retombe vers son ouvrage. Entre ses lèvres, une cigarette entamée est coincée. La cendre menacée par la gravité et par le vent ne sait pas si elle va devoir chuter ou prendre son envol, portée. Une latte s'engouffre dans sa gorge, empoisonne ses poumons, et ressort en deux filets de ses petites narines. Dragon.

    La lame danse contre la matière. Gwen a cette impression étrange de peler un énorme fruit. Ou de tailler un crayon. Mais en mieux, puisqu'elle sculpte ce bois seul. Ce bois tout seul, tout seul depuis longtemps, depuis que plus personne ne va pêcher les rêves ici. Plus personne ne fait ça. Au filet, à la canne, au harpon même. Ou à la main. Avec les dents. Peu importe. Plus personne ne fait ça. N'est-ce pas?
    Elle soupire, récupère la clope entre ses doigts libres. Et d'un mouvement un peu gauche du dos, du cou, elle remet la veste sur son épaule qui avait froid.


Dernière édition par Brume le Lun 23 Déc - 21:02, édité 1 fois
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Éléphantôme

Éléphantôme
RÊVES : 93

arrivé le : 30/11/2013
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MessageSujet: Re: "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme)   "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme) EmptyDim 22 Déc - 21:16


Une goutte d'encre vient de tâcher le ciel. Et voilà, l'obscurité a pris ses quartiers pour la nuit. Elle gobe les moindres coins de lumière restants, elle mord les recoins de couleurs qui reste. Quelle peste. Lui, le vieux barbu, grincheux, tordu, paresseux, il écrase le monde entier à chaque pas qu'il fait. Il suit l'eau sombre de la mer des yeux. Elle est laide. Il ne l'aime pas et ne l'a jamais aimé. Il l'écoute murmurer des phrases incompréhensibles, entrecoupées par les exclamations d'un vent timide de fin de soirée. Il a les mains visées dans les poches, celles de sa veste, pas celles en dessous de ses yeux ridés, tristes, fatigués. Il prend une grande inspiration. Il expire lentement. Il continue de marcher, loin, jusqu'au bout du monde, de la Terre, de l'Univers. Peu importe en fait, il marche, c'est bon pour l'âme, vous savez. Le problème c'est que lui, il en a pas, d'âme. De toute façon, moins il aura d'âme, mieux il se portera, le vieux rat. La lumière s'éteint peu à peu et tout devient sombre, aussi sombre que ses yeux, que son coeur, que son âme, que ses pensées, que sa tête et toutes ses drôles d'idées de suicides et de meurtres forcés. Il fait des petits puis des grands pas, il jette ses pieds dans le vide puis les empêche d'aller trop loin. Il tourne sur lui même, marche à reculons, à l'envers, sur la tête, en arrière. S'arrête, repart. Il sait pas trop ce qu'il fait, il en a marre. Il s'ennui. Il veut s'amuser, parler à quelqu'un, l'emmerder, le faire bien chier, le noyer, l'aveugler, l'étrangler, le saigner. Il sait pas trop, il a tellement d'envies qui s'entrechoquent dans sa pauvre tête de taré qu'il sait pas par où commencer. Il suit une odeur de mort, un truc dégueulasse, un mélange entre algues venant du trou du cul de la mer et fumée de cigarette amère. Plus il avance moins il y voit, c'est comme si la brume était tombée d'un coup, en plein nuit, sur le rivage à l'odeur d'égout. Il y voit pas grand chose, pas tellement plus loin que le bout de son nez à vrai dire, et il aime pas ça. Non parce qu'il y voit toujours très bien, malgré son âge alors il aime pas ne pas pouvoir voir. Sans ses grands yeux gris, vieillis par les larmes et les cris, il se sent pas normal, un peu bancal, un peu aveugle en fait. Il aime pas ne pas y voir, il sait pas où il met les pieds, dans une bouse de vache de mer ou dans un flaque de pipi d'huitre. Il sait pas sur qui il va tomber, un cachalot en manque d'amour ou un requin vomissant ses tripes alors il fait des grands mouvements dans l'air, il secoue la brume de toute ses forces et puis il s'arrête. Une barque. Assise dedans : une fille. Brune fumante. Il la regarde, tourne la tête dans tous les sens pour pouvoir la contempler sous tous les angles. Elle est bizarre celle-là, pas plus bizarre que lui, mais bizarre quand même. Et c'est un peu le bazar dans sa tête à Baltazar. T'as peur de pas mourir assez tôt ? Ouais, il parait que c'est pour ça qu'ils fument les jeunes, les gens en général, mais surtout les jeunes. T'es inconsciente ma pauvre fille. Il lui parle un peu comme à un chien, même sans la connaître, mais ce genre de sale gosse qui se pourrit la santé en pourrissant celle des autres il en à rien à faire de les choquer ou de les emmerder, au contraire. Il a pas envie de faire la morale non plus, faut pas croire, mais disons qu'il aime pas la cigarette, ni toutes les inventions connes de l'humanité qui ont servis qu'à dégrader cette même humanité. Il la regarde avec des gros yeux, de vilains gros yeux injectés de sang et de venin de serpent à sonnette près à lui sauter à la gorge ou au visage quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse. OH! TU M'ECOUTE QUAND J'TE PARLE GAMINE ! Il a ses veines qui gonfle, son coeur qui s'emballe, son visage qui devient rouge, tout rouge, tout rouge et même dans le noir ça doit se voir. Il aime pas ça, les gens qui gâchant leur vie avant que ce ne soit lui qui vienne le faire. C'est pas du jeu, lui il s'ennui s'il peut pas achever les gens à coup de mots durs et de phrases sanglantes. PUTAIN ! Il cogne dans la vieille barque. Il s'en fout qu'elle se casse en deux, t'façon sur la mer, elle ferait pas long feux et puis la gosse elle peut bien tomber à l'eau, il s'en fout aussi après tout.
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Brume

Brume
RÊVES : 89

arrivé le : 11/12/2013
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MessageSujet: Re: "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme)   "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme) EmptyDim 22 Déc - 21:55

"A cent lieues de se douter que..."

    Dans ses yeux vides, quelque chose se dessine sur la plage. Quelque chose qui trépigne dans le sable. D'immense. Et de trouble aussi. D'toute façon, on n'y voit que dalle. Et puis, Brume, elle y voit jamais rien, alors ça va, elle a l'habitude. Ca va. Elle attend. Elle attend que l'ombre se noie ou vienne se frotter à la coque de sa barque, pour voir. Et puis ça s'approche, petit à petit. C'est grand. C'est gros. C'est quelqu'un? C'est

    _T'as peur de pas mourir assez tôt ?

    Un drôle de bonhomme aux cheveux gris, on voit même la lumière marine dedans. L'argenté, c'est comme le gris, ça fait des reflets. Gwen y voit des piranhas qui lui rongent le crâne, à ce vieux monsieur.

    _T'es inconsciente ma pauvre fille.

    Comment? Un sourire lui étire les lèvres. Elle se met à rire. A rire, fort. Comme c'est drôle, ce qu'il dit! Mourir, inconscience! Mais mon pauvre ami, c'est ce monde qui est déjà mort! Il faut bien alléger le voyage, et achever le supplice!
    Ah, il crie! L'affreux! C'est si laid, ce son, ce tonnerre de voix dans ses oreilles! La brune fronce les sourcils, elle n'aime pas qu'on gueule près d'elle. C'est détestable, comme attitude. Détestable. Répugnant. Un juron et puis il frappe dans sa jolie barque toutes sculptée. Gwen ne bouge pas d'un pouce, avec ce sourire indifférent aux lèvres. Ce sourire de spectateur.
    Elle lève un regard vers lui, silencieusement. Et une nouvelle bouffée prend place dans sa trachée. L'embarcation tangue encore un peu, à moitié portée par l'eau salée. Elle souffle un nuage qui s'ajoute à l'épaisseur de l'air.

    _Et donc alors? Fit-elle. Toi t'as pas peur de mourir trop tard? Ca devrait déjà être fait d'ailleurs, non, papy?

    Bête et méchant. Elle savait l'être. Elle n'aimait pas être secouée. Ou qu'on essaie de le faire. C'est elle qui secoue les sueurs froides, personne d'autre. Et personne n'a su trouver les siennes. Elle les fait couler toute seule, mais jamais au grand jamais devant quelconque âme. C'est dedans, c'est tout dedans. Brume elle s'infiltre à l'intérieur, elle vous tient et vous serre, vous serre la gorge avec une telle tendresse, en même temps. Mais rien ne parait. Parce que c'est sa langue, c'est ses mots qui viennent vous engluer dans son venin.

    _Tu comptes pas y remédier? Lance-t-elle, en même temps que le coutelet, non pas comme une attaque, mais comme on passe un objet à quelqu'un qui est loin. Et verticalement, hein. T'as pas envie de ressembler à un ado qui essaie de se suicider sans savoir vraiment ce qu'il fait.

    Son sourire lui déchire les joues. Et elle fume. Ah, l'ironie, l'ironie des mots, ses phrases et ses gestes s'entrechoquent. C'est elle, l'adolescente qui flirte avec la mort, pourtant. Elle accepte la critique, elle l'assume sans broncher, ça ne l'atteint pas. C'est drôle tout ça, la vie, la mort, si drôle!
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Éléphantôme

Éléphantôme
RÊVES : 93

arrivé le : 30/11/2013
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MessageSujet: Re: "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme)   "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme) EmptyMar 24 Déc - 13:04


Elle fume. C'est moche. Elle tire sur ses cigarettes, elle tire sur sa p'tite vie fluette. Elle est moche, elle est sotte, elle est bête. Il la regarde et il la hait déjà, un peu. Elle lui ressemble et pourtant elle est si différente. Elle est laide dans sa beauté et belle dans sa laideur. C'est possible ça ? Il sait pas. Il voit juste une p'tite idiote qui s'enfume la santé et qui va finir par crever avant que lui ne vienne la chercher. C'est pas juste. Lui s'il peut pas faire son travail, il fait quoi ? Rien. Voilà, il fait rien. Et en plus elle s'en fout quand il crie, quand il gonfle les veines, bombe le torse, hausse le ton. Non, elle en a rien à faire de ce qu'il lui dit. Il aime pas ça, lui. Il ouvre de grands yeux quand elle lui demande s'il a pas peur de mourir trop tard. Personne ne meurt jamais trop tard. Il sait de quoi il parle, pauvre femme de sa vie, de son coeur, pauvre envie qui se tut et qui meurt. Elle lui lance qu'il devrait déjà être mort le vieux, le bâtard. Il la scrute. Elle lui lance un p'it couteau, elle lui suggère d'en finir maintenant et de faire ça bien . Mais à quoi bon ? Je le suis déjà, t'es aveugle ou quoi ? Elle voit pas qu'il est gris pâle cet éléphant, qu'il a l'air mort et pas très vivant ? Elle voit pas qu'il respire pas, que quand il s'énerve sa tempe elle bat pas plus vite que ça ? Il défait son long manteau gris anthracite, il soulève sa peau de cuire sombre, sale, couleur nuage d'orage et il lui montre le trou béant dans sa poitrine de fantôme d'éléphant. C'est tout noir là-dedans, c'est sombre, c'est gluant, ça dégouline un peu et puis ça pue, ça sent la mort, la charogne, les rats, le choléra. Il replace la peau morte sur l'abysse et il reboutonne son manteau d'épiderme de cuire. Quand t'as plus de coeur, de la mort t'as plus peur. Qu'il dit en laissant courir son regard sur l'horizon. Il lui retend le couteau qu'il avait serré fort dans sa grosse paluche. Tu t'prend vraiment pour n'importe qui, hein. Tu t'rends pas compte à qui tu parle là. Faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire des conneries, mon p'tit. Elle est vraiment sotte celle-là. Elle souris, elle fume, elle vit un semblant de vie en jouant avec les gens, avec un ange de la mort qui doit rendre son rapport avant que le jour ne se lève, encore. T'sais si je devais en finir, je me finirais pas comme ça, la gorge tranché, le temps de souffrir, d'agoniser, du sang partout, dégueulasse, que les autres devraient nettoyer. Non, moi j'avalerais des médocs ou un bon petit poison. Il grimpe dans la barque. Il fait grincer quelques lattes. Il aime pas la mer et les p'tits bâteaux qui vont sur l'eau mais il peut bien faire une exception. C'est toi qui devrais t'en aller, mon chou. Franchement, c'est pas triste une vie qui se résume à la fumée, la buée, la brume ? C'est pas triste de se retrouver toute seule dans une barque, toute seule avec la lune ? Personne te regrettera, crois-moi, personne aime la brume le matin, celle qui t'enveloppe et te serre fort dans ses mains au moment où t'en as le moins besoin. Personne aime la brume, personne ne s'en souviendra quand elle sera plus là, personne lui en voudra de partir loin. Si tu veux j'peux t'aider, tu vois on a qu'à prendre la mer, plonger dans l'eau amère et si tu veux j't'attache à une enclume, un truc bien lourd pas un poids plume et comme ça tu couleras et voilà, il y aura plus de toi, plus que moi. Qu'est-ce t'en dis, l'ignorante ? C'est pas comme ça qu'il travaille habituellement. Non, lui il noie pas en général, il pend, il fournit un couteau ou un flingue, une boite de médicament, du cyanure ou de l'arsenic, un truc comme ça et puis il attend que ça se passe. Dans pas longtemps il se mettra de nouveau à crier, mais pour l'instant il préfère qu'elle assimile bien le tout, qu'elle se remette en question, et peut-être qu'elle comprendra qu'elle sert à rien, qu'elle est futile, inutile ustensile et qu'elle voudras bien suivre le vieux fou, le vieil éléphant mort jusqu'au fin fond d'un remord pour y rester et y crever. Mais c'est pas trop le genre de fille à se suicider celle-là, elle en a pas l'air en tout cas.


Dernière édition par Éléphantôme le Mar 24 Déc - 14:49, édité 2 fois
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Brume

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RÊVES : 89

arrivé le : 11/12/2013
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MessageSujet: Re: "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme)   "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme) EmptyMar 24 Déc - 14:25

    Brume écoute. Sagement. Elle le regarde, curieusement, observant en silence impassible la réaction du gueulard. Qui ne gueule plus. Non, on dirait presque qu'il a changé de teint, de ton. Il a l'air triste, mais pas trop, à s'exhiber le poitrail troué et dégoulinant. La brune retient une nausée. Pas la vision des tripes ni l'odeur à réveiller les plus morts des cimetières, non, c'est cette hideuse vision de la douleur qui lui saute au visage. C'est tout ce flot de tristesse qui lui est craché à la gueule, toutes ces plaintes, cet impact béant dans son corps gris. C'est dégueulasse, autant de mal, c'est pas quelque chose qu'on montre, putain.
    Brume fronce à peine les sourcils, écoeurée. Et elle écoute, encore. Ce vieux bonhomme qui parle de la Mort comme si elle était sa compagne depuis longtemps. C'est p't'être le cas. Elle sait pas, Brume. Elle hausse les épaules. Bien sûr, qu'elle est n'importe qui. N'importe quoi. N'importe où. Et puis?

    Et puis il parle de comment il préférerait se suicider. C'est drôle, comme conversation. Comme remarque. Le couteau, c'était qu'une image. Il lui a rendu, ça, aussi, alors elle le fait aller et venir dans ses paumes, comme ça, pour s'occuper pendant que son esprit gamberge sur le discours du vieil éléphant. Il s'approche de la barque, et grimpe dedans. Ca tangue un peu, ça craque, mais elle bouge pas. Elle jette le mégot de sa cigarette.
    C'est vrai, tiens, comment elle aimerait mourir, Brume? Elle y avait jamais pensé. Chaque fois qu'elle s'en approche trop près elle se dit, tiens, c'est mon tour? Et en fait non, toujours pas. Mais si elle devait choisir. Si elle devait choisir, elle aimerait disparaître. Se dissoudre, comme un sucre dans l'eau. Petit à petit, les particules d'elle envahiraient l'air, et par terre il n'y aurait plus rien qu'une flaque humide; un peu de sang, un peu de pluie qui coule entre les pavés jusqu'au fond des égouts.

    Le drôle, c'est qu'il s'est mit à supposer ces choses qu'elle sait déjà. Tout le monde s'en fout, qu'elle soit là. Quand elle apparaît, c'est pour déranger. La Brume, on la préfère en images, comme ça. Elle est bien jolie, mais elle est dangereuse en voiture, et puis on ne sait jamais où on va. C'est agaçant. Gwen est agaçante, elle sait. Mais ça lui va. L'éléphant lui parle d'enclume, du fond de la mer comme tombeau. L'océan tout noir comme dernière demeure? Ca avait l'air joli. Mais étouffer d'eau salée, laisser sa carcasse gonfler et se décomposer pour nourrir les poissons mutants... Ca lui plaisait moins. Pas du tout même.
    Gwen hoche la tête en un non frénétique. C'est pas qu'elle à peur, c'est que c'est pas le moment. La mort, elle lui tombera dessus avec sa grande faux. Pas question de la laisser venir la chercher calmement sous les traits d'un vieux pachyderme.

    _Non merci, c'est bien aimable, mais le monde devra me supporter encore un peu. Je n'ai pas de mélancolie à achever, moi.

    Elle sourit à peine, et elle le regarde, comme ça, les coudes sur les genoux, la tête entre les mains. Elle le regarde, elle suit les rides des yeux et les cernes de non-sommeil, les yeux rouges et la tête lourde, lourde. Elle a l'impression de comprendre, elle se sent un peu comme lui, un peu comme cet assassin qui travaille aux mots et au doute.
    Alors elle lui demande, un peu naïvement, comme ça.

    _Et qu'est-ce qu'un vieux fantôme fait encore ici? Y'a pas mieux à voir, du côté des sacs d'os et d'âmes?
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Éléphantôme

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RÊVES : 93

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MessageSujet: Re: "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme)   "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme) EmptyMer 1 Jan - 23:19


Il a jamais aimé la mer, c'est une des nombreuses choses qu'il hait surement autant que lui-même, et pourtant, il est dans la barque pile en face de la brume et son teint pale, sa cigarette entre les doigts, puis entre les dents. Elle est jolie quand on arrive à voir son visage à travers la fumée qui tourne autour d'elle comme pour la protéger des regards mal placés. Et puis il lui parle de la mort, de sa mort, en fait, du pourquoi du comment elle devrait s'en aller du monde. Il trouve qu'elle sert à rien, il lui trouve pas d'utilité. Et la pire, c'est qu'il dit même pas ça pour la pousser à se supprimer, il le pense vraiment, en vrai. Mais il sait que ça sert à rien avec elle, elle s'en ira jamais, non, la brume elle reste-là sans ciller, elle continue d'emmerder le monde et Baltazar le premier. La brune elle décline poliment l'offre de l'éléphantôme, visiblement ça lui plait pas trop d'aller au milieu de la mer de se crever dans l'eau, les poumon remplis de liquide au goût de sel. Le seul point positif à la noyade, c'est que c'est pas salissant. C'est mouillant, mais pas crade, sauf quand quelqu'un tombe par hasard sur le corps en décomposition au fond de l'eau, mais si on le trouve jamais, c'est pas crade, glauque et morbide, non, c'est relativement propre. Le point négatif, c'est que les gens on tendance à croire qu'ils pourront remonter à la surface ou qu'ils réussiront à trouver de l'air on ne sait où, dans leur crâne vide peut-être, et du coup, il meurt lentement et douloureusement pendant que l'eau prend la place de l'oxygène dans leurs poumons. Baltazar il a testé beaucoup de méthode depuis le temps qu'il fait le métier de persécuteur morbide et il sait que le meilleur moyen de mourir, la moins douloureux, le moins dégoûtant et le plus rapide, c'est le poison. Point barre. Lui, s'il pouvait se suicider, il s'empoisonnerait. Mais il peut pas. Il y arrive pas. Il sait pas pourquoi. Mais il s'en fiche tant qu'il peut faire un peu de mal aux autres pour se faire du bien, ça va. Le problème c'est quand il croise des résistants, des gens comme la brume, la brune dans le bateau, là, celle avec le petit couteau. Celle qui vient juste de dire qu'elle partirait pas, qu'elle voulait encore emmerder le monde un petit bout de temps et qui avait dit qu'elle avait pas de mélancolie à achever. Tu crois que c'est mon cas ? Qu'il demande presque comme une vraie question. Mais non, elle a rien compris celle fille. Lui il est pas mélancolique, mais alors pas du tout. Il est en colère. Et d'ailleurs elle monte, elle part du bout de ses orteils et puis elle grimpe jusqu'à ses jambes et bientôt ses fesses et son entre jambes puis elle arrive au torse, la partie difficile, et le coeur qu'elle empoigne sauvagement et tout à coup toutes ses veines se mettent à bouillir et son sang court plus vite dans ses veines, trop vite même, ça lui brûlerait presque les organes, et puis la rage, la colère, elle se faufile dans sa gorge et elle la fait gonfler, et on voit toutes ses veines qui ressortent, et puis sa tempe qui bat à toutes allure parce que la haine lui ait montée à la tête et puis... JE SUIS PAS MÉLANCOLIQUE ! Qu'il dit en tapant du pied. JE SUIS EN COLÈRE, OUAIS, TELLEMENT VÉNÈRE CONTRE LA TERRE ENTIÈRE ! JE VEUX QUE TOUT LE MONDE CRÈVE, JE VEUX LES VOIR SOUFFRIR, TOUS, LA, LES CONS ET LES CONNES, TOUS AUTANT QU'ILS SONT ! ET TOI AUSSI ! MÊME SI C'EST PAS GRÂCE A MOI JE M'EN TAPE, DE TOUTE FAÇON, LE TEMPS S'EN CHARGERA POUR MOI. ET QUAND TU T'EN IRA JE SUIVRAIS TA PETITE ÂME TOUTE NOIRE DE FUMÉE, TOUTE SALE DE CRASSE ET JE LUI DIRAIS AU REVOIR AVEC UN GRANDE SOURIRE AUX LÈVRES ! ET T'SAIS, EN FAIT EN TE FINISSANT TOUT DE SUITE, TU FERAIS QU'AVANCER LA DATE DE LA FIN, ET DE PEU EN PLUS, PARCE QU'AVEC TOUTES CES SALOPERIES QUE T'AVALENT TU DOIS PLUS EN AVOIR POUR TRÈS LONGTEMPS J'IMAGINE ! BON COURAGE DANS LA VIE, GAMINE ! Il s'arrête, d'un coup. Baltazar, c'est comme la tempête. Il se déchaîne et puis plus rien, il est plus rouge, il est plus fâché, il a plus envie d'exploser, il est calme, ou presque. Parce que la colère elle est toujours là, cachée dans un petit coin de son âme et elle reviendra, elle reviens toujours. Mais il s'en fout, il l'aime bien, c'est une de ses rares amies. Il s'assoit dans le barque et regarde la brume, presque inébranlable. La nuit la couvre presque entièrement et on y voit bientôt plus rien, mais Le vieil éléphant avec ses vieux yeux bien entraîné il discerne encore quelques petits détails. Il sourit un peu, maintenant. Et puis elle lui demande ce qu'il fait ici. Il la regarde, intrigué. Pourquoi elle s'intéresse à lui ? Elle est franchement étrange, elle. C'est un sacré brin de fille. Elle à que ça à faire de lui demander ce qu'il vient foutre près de la mer. Je...J'ai eu envie de me baigner pendant quelques secondes dans une eau laide et salée, puis je me suis souvenu que je détestais la mer. Non. En réalité, il savait même pas ce qu'il faisait là, il sait jamais vraiment pourquoi il est là, pourquoi il fait ça, parce qu'en fait il s'en fout. Ses pieds le porte et voilà, il s'en va, il s'enfuit. Il sait pas trop ce qu'il fait de sa vie en vraie, surtout quand il à rien à faire. Il ose lui retourner sa question. Et toi, qu'est-ce tu fais là ?Un petit coup du bout de son menton barbu la désigne, elle, la brume environnante, mais en même temps, à qui d'autre une vieille carcasse d'éléphant pourrait-il bien parler au milieu de la nuit ?


Dernière édition par Éléphantôme le Jeu 2 Jan - 21:32, édité 4 fois
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Brume

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arrivé le : 11/12/2013
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MessageSujet: Re: "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme)   "Et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin" | (PV L'Eléphantôme) EmptyJeu 2 Jan - 19:55


    Alors le visage s'endurcit encore, et l'avalanche de mots lui envahit les oreilles. Il s'était remit à hurler, toutes veines dehors, comme le fou qu'il était. Gwen avait à peine sursauter au haussement de ton, non pas de peur, mais de gêne. Ce frottement de ces cordes vocales, là, cet espèce de raclement dans le fond de la gorge lorsqu'il crie, c'était insupportable. Comment pouvait-il vivre en s'écoutant gueuler de la sorte?
    Il avait l'air de ne pas aimer son refus poli. Gwen se demandait s'il travaillait pour la mort, finalement, parce que ça avait l'air de lui tenir à coeur, de l'enfouir sous l'écume. Mais ce devait être agaçant d'avoir en face une tête de mule bien aussi effrontée que soi. Elle eut un petit sourire devant la bourrasque de paroles qui lui arrivait en plein visage. Mourir, pour le mieux de tous, mourir, mourir! Mais c'était lâche, de mourir. La Brume se tue au tabac et à toutes sortes de choses, comme ça elle en a pas l'air, mais déjà oui, déjà elle fait venir le décès dans ses artères, il coule en elle, l'empoisonne jusqu'au moment où il lui paralysera le visage et le corps, jusqu'au moment où tout s'effondrera pour devenir froid. Mais ce n'est pas encore. C'est bientôt, mais pas encore. Alors, elle sourit.

    La crise était passée. Elle avait gardé le silence pendant cette longue tirade, sans rien en relever, sans rien y répondre qu'une question. Son visage gris redevenait livide, un peu neutre, toujours rustre. Il s'est justifié bien étrangement quant à sa venue ici. Mais lorsque la question lui fut posée en retour, Brume réalisa que ce n'était pas facile. Elle haussa les épaules, comme ça, secouant sa poussière.

    _'Sais pas. Fit-elle avec la désinvolture qui lui est propre.

    Elle avait laché le couteau. Elle se penchait par-dessus bord, sa crinière dévalant ses épaules, ses mains écrasées contre le sable humide.
    Elle redressa un peu la tête pour le regarder, derrière les mèches brunes. Il faut dire que la nuit était tombée, mais que la Lune dessinait bien encore les rides et les creux des yeux, leur surbrillance aussi. Brume referma les mains sur deux grosses poignées de sable, qu'elle ramena sur ses genoux, dans le creux de sa robe.

    _J'crois que je cherche le marchand de sable. Il va sûrement passer ici. qu'elle dit, les yeux rivés sur la cascade de grains gris qui lui coulent entre les mains.

    C'est vrai, à regarder de plus près, les cernes ont fait escale sous ses prunelles depuis un moment. Depuis quand, depuis quand est-ce qu'elle n'a pas dormi pour se réparer? Mais c'est sa faute, à cet incompétent de marchand de sable. Il l'oublie tout le temps. C'est sûrement parce qu'elle n'a pas vraiment de maison? Sûrement. Ce bâtard la laisse prisonnière de la réalité, et de la fatigue, toujours, sans jamais connaître aucun rêve sucré. Ce n'est que peur, noir et frissons mouillés. C'est sûrement parce qu'elle n'a rien à lui donner en retour. Après tout, c'est un marchand...
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