hallucination de votre esprit fugitif? non, ce sont bien des chants qui vous parviennent. teintés d'éclats de rire. la joie ne vient pas du dedans, elle surgit du dehors — une chose de rien, circulante, aérienne, volante. dans le bar, un parfum d'euphorie et de rêves vermeils. vous venez vous accouder au comptoir comme tous les habitués du village. boire à la gaîté du monde, vous enivrez pour un tout, pour rien.

sacs de linges sales, baluchons de vide au coin de l’épaule, admirez le monde alentour. des rêves en arc-en-ciel et des destins maladroits. tous les gens qui s'arrêtent à l'auberge sont bohèmes, voyageurs, aventuriers, certains y demeurent, d'autres ne font que passer. l'homme qui tient le lieu est aussi poussiéreux que les murs, mais il est d'une tendresse infinie, il ne parle jamais, mais vous conduira à votre chambre, vous offrira aide et hospitalité.

il taille les angles, passe son temps à retracer des contours. sculpter des lèvres. donner vie. sous la poussière éparse des copeaux de bois qui s'envolent, les patins se soulèvent. l'homme qui tient le commerce est un personnage mystérieux, à ce que l'on raconte. alors, quand l'aube nouvelle se décolore, quand le monde se fissure, de drôles de processions ont lieu. Ses poupées, comme des riens au gré des vents, des miettes de sourires, des fossiles sortent du vestibule de la boutique et avancent enfin, vers un but inconnu, comme hypnotisés par cette imperfection qu'est la vie, le véritable sens du monde.